Le jeu du chat et de la souris
6 September 2008 09:20 pm![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
One shot yaoi de Setona Mizushiro, paru chez Asuka il y a quelques mois.
La première fois que j'en ai entendu parler, c'est dans Animeland, lorsqu'il a été chroniqué. A vrai dire, ma joie de voir un nouveau yaoi sur le marché français a été quelque peu ternie par la critique qu'AL en a fait. Néanmoins, je m'étais dit que si je le trouvais, je jetterais quand même un coup d'oeil.
Je dois avouer que ledit coup d'oeil n'a pas été très positif de prime abord, esthétiquement parlant. Non pas que ce soit laid, ni mal dessiné, c'est juste... que j'ai trouvé le trait assez basique, assez peu recherché, très classique, avec un manque de je ne sais quoi. Avec le recul j'ai fini par me rendre compte que c'est l'absence quasi générale de détails, ombres, textures et trames qui donnent cette impression. Faut dire qu'on perd facilement l'habitude du minimaliste.
Bref. Néanmoins, je l'ai feuilleté et décidé de le prendre. Et je ne le regrette pas.
Passé les premières pages, on finit par se faire à l'esthétique, parce que l'histoire prend le dessus très rapidement. Pourtant, au tout début, le pitch de départ est tellement tiré par les cheveux qu'on en vient à douter de la vraisemblance de l'histoire: Kyoichi est un cadre japonais trentenaire et marié. Sa femme décide de lui coller un détective aux fesses (c'est le moins que l'on puisse dire) du nom d'Imagase en vue de prouver ses infidélités. Or, il s'avère qu'Imagase est un ancien camarade de classe de Kyoichi et pour une raison que l'on ignore de prime abord, Imagase fait chanter Kyoichi en le menaçant de tout révéler à sa femme s'il ne lui cède pas son corps.
Oui, ça part mal.
Et pourtant... à vrai dire, on se rend compte au fil de l'histoire que l'esthétique sert le récit, du fait de sa simplicité, pour mieux mettre en exergue les personnalités des deux protagonistes et notamment celle de Kyoichi. Il est fade, sans saveur, d'une passivité hallucinante, il représente ce type d'homme qui se laisse vivre, non pas par choix, mais bien par impuissance de rien diriger de sa propre vie. il ne prend aucune initiative, laisse les autres décider à sa place, s'en contente et surtout, ne se pose jamais de questions. A vrai dire, il peut réellement agacer le lecteur, notamment dans toute la première partie. Imagase est son parfait contraire, toujours dans les extrêmes, passionné, volontaire, sachant ce qu'il veut, comment il le veut et surtout se donnant les moyens d'y parvenir.
Etrangement, au niveau de la représentation graphique des personnages, l'auteur a pris le parti de réserver la blondeur et la finesse à Imagase, et les cheveux sombres et la carrure à Kyoichi. Et cela passe particulièrement bien parce que la dichotomie en devient d'autant plus saisissante.
La progression de leur relation, d'abord artificielle et forcée, est mise en valeur par les motivations d'Imagase et l'intervention de personnages secondaires - des femmes - qui cherche à retenir Kyoichi dans ce qui est son monde, un monde dont il s'éloigne sensiblement au fur et à mesure de l'évolution de sa relation avec Imagase. A vrai dire l'essentiel du propos de l'histoire se situe à ce niveau. Que se passe-t-il lorsqu'il s'agit de prendre des risques, de faire un choix susceptible de détruire toute une vie, fut-elle basée sur des faux semblants et un vide absolu? Le seul moteur de Kyoichi s'avère être la peur de l'inconnu, qui s'oppose à l'appel tout d'abord de sa chair puis de son coeur. Parce que Kyoichi, s'il fait du mal à son entourage sans même s'en rendre compte de par sa passivité permanente, n'est pas un mauvais bougre au fond et est capable de tendresse et d'attention. Imagase est le seul à s'en rendre compte et en souffre, inévitablement.
Au final, malgré l'attachement qu'on a pour Imagase, c'est Kyoichi qui retient toute notre attention. Parce qu'on veut qu'il prenne au moins une initiative, qu'il fasse au moins un choix dans sa vie. néanmoins la question se pose de savoir à la conclusion de ce one shot s'il sera capable de l'assumer.
Bref, une chouette lecture. Un propos adulte, un traitement assez réaliste, et pas mal de reflexions intéressantes. A lire.
La première fois que j'en ai entendu parler, c'est dans Animeland, lorsqu'il a été chroniqué. A vrai dire, ma joie de voir un nouveau yaoi sur le marché français a été quelque peu ternie par la critique qu'AL en a fait. Néanmoins, je m'étais dit que si je le trouvais, je jetterais quand même un coup d'oeil.
Je dois avouer que ledit coup d'oeil n'a pas été très positif de prime abord, esthétiquement parlant. Non pas que ce soit laid, ni mal dessiné, c'est juste... que j'ai trouvé le trait assez basique, assez peu recherché, très classique, avec un manque de je ne sais quoi. Avec le recul j'ai fini par me rendre compte que c'est l'absence quasi générale de détails, ombres, textures et trames qui donnent cette impression. Faut dire qu'on perd facilement l'habitude du minimaliste.
Bref. Néanmoins, je l'ai feuilleté et décidé de le prendre. Et je ne le regrette pas.
Passé les premières pages, on finit par se faire à l'esthétique, parce que l'histoire prend le dessus très rapidement. Pourtant, au tout début, le pitch de départ est tellement tiré par les cheveux qu'on en vient à douter de la vraisemblance de l'histoire: Kyoichi est un cadre japonais trentenaire et marié. Sa femme décide de lui coller un détective aux fesses (c'est le moins que l'on puisse dire) du nom d'Imagase en vue de prouver ses infidélités. Or, il s'avère qu'Imagase est un ancien camarade de classe de Kyoichi et pour une raison que l'on ignore de prime abord, Imagase fait chanter Kyoichi en le menaçant de tout révéler à sa femme s'il ne lui cède pas son corps.
Oui, ça part mal.
Et pourtant... à vrai dire, on se rend compte au fil de l'histoire que l'esthétique sert le récit, du fait de sa simplicité, pour mieux mettre en exergue les personnalités des deux protagonistes et notamment celle de Kyoichi. Il est fade, sans saveur, d'une passivité hallucinante, il représente ce type d'homme qui se laisse vivre, non pas par choix, mais bien par impuissance de rien diriger de sa propre vie. il ne prend aucune initiative, laisse les autres décider à sa place, s'en contente et surtout, ne se pose jamais de questions. A vrai dire, il peut réellement agacer le lecteur, notamment dans toute la première partie. Imagase est son parfait contraire, toujours dans les extrêmes, passionné, volontaire, sachant ce qu'il veut, comment il le veut et surtout se donnant les moyens d'y parvenir.
Etrangement, au niveau de la représentation graphique des personnages, l'auteur a pris le parti de réserver la blondeur et la finesse à Imagase, et les cheveux sombres et la carrure à Kyoichi. Et cela passe particulièrement bien parce que la dichotomie en devient d'autant plus saisissante.
La progression de leur relation, d'abord artificielle et forcée, est mise en valeur par les motivations d'Imagase et l'intervention de personnages secondaires - des femmes - qui cherche à retenir Kyoichi dans ce qui est son monde, un monde dont il s'éloigne sensiblement au fur et à mesure de l'évolution de sa relation avec Imagase. A vrai dire l'essentiel du propos de l'histoire se situe à ce niveau. Que se passe-t-il lorsqu'il s'agit de prendre des risques, de faire un choix susceptible de détruire toute une vie, fut-elle basée sur des faux semblants et un vide absolu? Le seul moteur de Kyoichi s'avère être la peur de l'inconnu, qui s'oppose à l'appel tout d'abord de sa chair puis de son coeur. Parce que Kyoichi, s'il fait du mal à son entourage sans même s'en rendre compte de par sa passivité permanente, n'est pas un mauvais bougre au fond et est capable de tendresse et d'attention. Imagase est le seul à s'en rendre compte et en souffre, inévitablement.
Au final, malgré l'attachement qu'on a pour Imagase, c'est Kyoichi qui retient toute notre attention. Parce qu'on veut qu'il prenne au moins une initiative, qu'il fasse au moins un choix dans sa vie. néanmoins la question se pose de savoir à la conclusion de ce one shot s'il sera capable de l'assumer.
Bref, une chouette lecture. Un propos adulte, un traitement assez réaliste, et pas mal de reflexions intéressantes. A lire.
no subject
Date: 6 September 2008 08:48 pm (UTC)Va falloir que je me le ressorte de la cave, tu m'as donné envie de le relire :P (en espérant qu'il ne soit pas moisi/tombé en morceaux/bouffé par les souris...)
no subject
Date: 7 September 2008 10:57 am (UTC)no subject
Date: 7 September 2008 11:39 am (UTC)no subject
Date: 6 September 2008 10:55 pm (UTC)J'ai adoré, j'ai trouvé ca tres realiste, et puis assez cru, sans tomber trop dans le sordide, et assez sympa sans tomber dans le mielleux.
Je trouve que ca joue sur un equilibre assez complexe et c'est ca qui m'a plu...
no subject
Date: 7 September 2008 10:59 am (UTC)Sinon, même avis que toi, on est en dehors du schéma "merveilleux", c'est peut être pour ça que ça touche le lecteur.