![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)

Roman d'anticipation écologique, le récit de Yannick Monget se déroule à notre époque et traite d'un dérèglement généralisé du fonctionnement de notre planète, un dérèglement qui a pour particularité de se produire et de s'auto-alimenter sur un laps de temps extrêmement court, à savoir quelques semaines. La fréquence des éruptions solaires s'accélère, les technologies de communication deviennent inutilisables et la Terre se transforme en une forêt amazonienne géante. Le tout, bien entendu, agrémenté de la disparition mystérieuse de la quasi-totalité de l'humanité à l'exception de quelques êtres humains dont le lecteur est appelé à suivre les pérégrinations dans un monde devenu plus qu'hostile.
Ceci posé, et à l'issue de la conclusion, la question qui vient à l'esprit est la suivante: quel était l'objectif de l'auteur en rédigeant cette histoire? Ecrire un roman d'anticipation pur jus? Se targuer d'un pamphlet écologiste? Les deux? Quoi qu'il en soit, ce qui a priori est censé se réclamer d'un pavé visionnaire dans la mare de l'aveuglement général fait... ploc. Et sans la moindre éclaboussure aux alentours.
Quelle belle et noble intention que cette volonté de vouloir transmettre un message... Non, vraiment, ça part d'un bon sentiment. Et sans doute d'une profonde conscience écologique. Mais on ne s'arroge pas une telle quête en prenant les lecteurs pour des imbéciles (et encore, je suis polie). A deux reprises qui plus est.
Tout d'abord, la caricature outrancière que l'auteur a choisie comme support à son discours dessert complètement l'objectif visé. En est-il conscient ou pas, ça c'est une autre histoire, il n'en reste pas moins que dès les premières pages, on reste estomaqué par l'amoncellement des clichés égrenés. Le lecteur en vient même à se demander si quelques chose de plus profond ne se cacherait pas derrière de telles énormités, d'ailleurs ce doit être la raison pour laquelle il poursuit sa lecture. Il est tout bonnement impossible qu'on puisse être à ce point trompé... et pourtant. La fin du livre tente bien de rééquilibrer le tout mais non seulement la théorie est vaseuse en plus d'être alambiquée et totalement invraisemblable, mais aussi et surtout, il est bien trop tard.
Pour faire simple: d'un côté, on a le vilain industriel méchant-pas-beau, père indigne, requin de la finance et plein aux as, de l'autre, la gentille et mignonnette biologiste très impliquée dans son travail, pleine à ras bord de beaux sentiments dégoulinants sur les jolis animaux sauvages et s'exprimant dans de grandes envolées lyrico-scientifiques martelant ses vérités péremptoires et paradoxalement vides de sens à grands coups de points d'exclamation. Pas besoin de beaucoup se forcer pour l'imaginer en train de trépigner comme une gamine de douze ans qui pique son caprice dans sa cour de récréation (en l'occurrence, la jungle).
Crédibilité? Proche du zéro absolu. Et c'est bien là que le bât blesse. On n'y croit pas une seule seconde. Pas à un seul instant on ne se sent concerné par ce qui arrive aux personnages. Pire encore: on ne s'y attache même pas, tant ils sont creux et prévisibles. De là, il apparaît bien difficile de faire adhérer le lecteur à un message - aussi important soit-il - quand le support lui-même est à ce point bancal.
Ensuite, au delà du point final du roman, on a droit à... la note de l'auteur. Et la déception - déjà bien ancrée - se mue en colère. Parce que non content de nous avoir asséné son discours lénifiant pendant 363 pages, Yannick Monget estime nécessaire en sus de nous prendre par la main pour nous détailler la symbolique de son histoire. C'est vrai quoi. On ne sait jamais. Les lecteurs d'aujourd'hui sont très certainement dotés d'un cerveau si atrophié qu'il faille prévoir une assistance 24 heures sur 24 pour leur expliquer ce qu'ils viennent de lire. En bref, une blague de mauvais goût qui clôt un roman sans grande saveur.
Vous me direz qu'on peut faire dans la caricature et produire une oeuvre tout à fait honorable. C'est vrai. Mais pour parvenir à un tel résultat, il convient de s'appuyer sur un style maîtrisé et une certaine richesse du langage. Là encore... Raté. Stylistiquement très pauvre, la prose est ennuyeuse pour ne pas dire rasoir. Les scènes d'action sont en ce sens très représentatives de cette pauvreté: le cheminement en est heurté, il ne s'agit que d'une simple description de faits sans mention des personnages impliqués et notamment de leurs réactions, le rythme est inexistant, et pour la fluidité, on repassera. De la même manière - et j'en reviens à l'impossibilité de s'attacher aux personnages - les rares tentatives de l'auteur en terme d'introspection psychologique tombent à plat. Idem pour la représentation des états d'âme des protagonistes. D'un vide inter-sidéral.
Et enfin, parce que je ne peux décemment pas passer à côté, l'auteur devrait apprendre à se servir d'un dictionnaire des synonymes. Ce n'est pas tant qu'il ne s'en sert pas... mais plutôt qu'il s'en sert trop. Quand je vois trois fois le verbe "tarauder" dans les 43 premières pages (format roman, voyez ce que ça peut faire sur un écran d'ordinateur... une petite vingtaine?), je me gondole de rire. Dans le même genre, on a droit, notamment dans les dialogues, à l'emploi de termes en total décalage avec notre époque, le plus souvent bien trop soutenus et qui rendent le discours totalement artificiel.
Bref, vous l'aurez sûrement compris, j'ai détesté ce livre. Je me suis profondément ennuyée et l'impression de perdre mon temps ne m'a pas lâchée une seconde. Quant au discours écolo en lui-même... Oui, cela partait d'une bonne intention mais ce n'est pas de cette manière que le message passera. Trop grossier. Trop téléphoné. Trop martelé jusqu'au point de le vider totalement de son sens. Réfléchir à la place des gens a de tout temps montré ses limites. Par contre, offrir les éléments, objectivement, sans jugement hâtif, sans leçon moralisatrice, et laisser tout un chacun se forger sa propre opinion et sa propre philosophie sur le sujet est autrement plus constructif.
Un "Ravage" de Barjavel, ça vous dit?
no subject
Date: 25 March 2008 12:52 pm (UTC)Sinon la "Nuit des temps" de Barjavel je trouvais ça bien naïf aussi dans son genre (on avait dû l'étudier au collège, je me souviens encore des images pendant les scènes de fesses, ça m'a marquée XD)... Mais au moins ça se lisait quoi, on avait envie de savoir la fin. Il paraît que "Ravages" est mieux... Et au moins à l'époque c'était peut-être plus original XD
no subject
Date: 26 March 2008 04:31 pm (UTC)Sinon, ben, je ne lis jamais les critiques avant d'acheter un bouquin (bon, en l'occurrence, c'était un cadeau, mais il était sur ma liste donc...). je suis allée jeter un coup d'oeil sur les critiques d'amazon après ma lecture, puis j'ai farfouille sur le net, et dans l'ensemble, c'est très contrasté. Visiblement, ceux qui ont aimé sont: 1/ soit des bobos qui se piquent de littérature (oui, il y a un pléonasme dans cette phrase) 2/ des lecteurs qui n'ont jamais rien lu d'autres.
Pour Barjavel, tout comme toi, j'ai fait la nuit des temps en 4ème, j'avais beaucoup aimé à l'époque, mais c'est vrai qu'en le relisant aujourd'hui, c'était plutôt gentillet. "le grand secret" est bien mieux. Quant à "Ravage", c'est réellement un bon roman d'anticipation écologique et qui, en dépit de sa rédaction dans les années 60, est à ce point en phase avec notre époque que cela en est troublant. A l'époque, oui, ça devait être original^^
Sinon, pour Gaia, j'ai bien l'impression que l'éditeur a décidé de surfer sur la vague écolo et développement durable plutot que sur la qualité plumistique^^
no subject
Date: 26 March 2008 06:40 pm (UTC)Oui ça doit être l'effet de mode comme tu dis... Tous ces arbres abattus pour ça lol
no subject
Date: 25 March 2008 01:00 pm (UTC)C'est marrant certains réflexes lol XD
ça me rappelle un commentaire de texte où j'avais dit qu'on voyait "la privation des cinq sens" XD XD
no subject
Date: 26 March 2008 04:32 pm (UTC)no subject
Date: 25 March 2008 05:10 pm (UTC)Bon eh bien ca me fait un livre de moins a mettre sur la liste de ceux que je devorerais une fois sortie de la spirale "revisions intenses".
ps : Alake et moi te voulons comme critique litteraire, j'ai peur maintenant :'D *epreuve du feu*
no subject
Date: 26 March 2008 04:35 pm (UTC)Pour votre projet les filles, n'hésitez pas hein, je sens que ça va bien m'éclater^^ (j'ai toujours les lemons dans un coin, j'te rassure^^)
no subject
Date: 26 March 2008 10:05 pm (UTC)(Désolée c'est short comme reponse mais si tu savais comme ma conscience me taraude, "va bosser" qu'elle me dit T__T)
(Parentheses number two, je suis pas sure que ca me rassure que t'aies toujours ces lemons XD)
no subject
Date: 28 March 2008 11:26 pm (UTC)American Psycho, j'ai vu le film, il était déjà achement barré... et il paraît que le livre est affreux, un autre témoignage que le tien, Yaiya ^^;; Mon pire souvenir de lecture (à part "Les Confessions" de Rousseau que j'ai pas finies), c'est "Le Petit Chose" de Daudet. Je l'ai fini, juste pour savoir s'il allait se passer quelque chose d'intéressant...
Eh ben non. J'ai tellement été déçue par ce bouquin que j'ai découpé les pages au cutter pour en faire une cachette secrète XD Tain mais les gars, si votre vie est tout sauf passionnante, NE LA RACONTEZ PAS, sacrebleu !! La fiction c'est pas pour les chiens, bon sang...
En ce qui concerne les bouquins avec message apocalyptico-environnemental, j'avais adoré "Niourk", de Stefan Wul, étant gamine. Une histoire un peu fantastique, avec des poulpes intelligents (aucune connotation ici, hein), des hommes revenus à la vie sauvage et des ruines de civilisation, "mangez des bananes"... c'était sympa ^^
Tiya, n'aie pas peur de la grande méchante bêtalectrice, voyons XD Soyons sûres de nous un peu que diable !! ^________________^ *flagelle des genoux*
no subject
Date: 30 March 2008 10:24 am (UTC)"Niourk", ça me dit vaguement quelque chose. Mais alors très vaguement. L'ai je lu ou pas? Bonne question...