![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)

Auteur: Tonino Benacquista
Edition: Folio Poche
Genre: contemporain/société
Comment je me suis retrouvée avec ce nouvel occupant sur mes étagères: le quatrième de couverture, et une ou deux pages lues en travers. Envie de changement, de lire autre chose que de la Fantasy, 'fin bref. Le genre de lubie qui m'arrive assez souvent, surtout quand j'ai décidé de prendre du temps pour lire.
Le plot tourne autour de la crise masculine de la quarantaine, via deux hommes qui ne se connaissent ni d'Adam ni d'Eve mais qui, à la suite d'un affrontement mémorable au tennis, font un pari fou: ils ont trois ans pour devenir quelqu'un d'autre, et plus précisément celui qu'ils ont toujours rêvé d'être. Celui qui lance le pari - Thierry Blin - est celui qui dès le lendemain décide de mettre le pari en application. L'autre - Nicolas Gredzinski - se réveille avec une gueule de bois carabiné (le pari fait suite à une conversation dans un bar), lui, éternel angoissé, qui n'a jamais bu une goutte d'alccol de sa vie, et considère ce pari comme une idiotie. Cependant, la découverte de l'alcool va le lancer bien malgré lui sur le chemin du changement.
On a deux hommes qui mènent chacun une vie morne, sans attrait, sans piment, l'un par défaut, l'autre assujetti à son stress chronique. Et on suit la progression du premier qui décide de tout changer - de tête, de métier, de femme - et du second qui s'enfonce doucement mais sûrement dans un alcoolisme qui fait ressortir chez lui un être dont il ne soupçonnait pas l'existence.
Sur le fond, l'idée est plutôt bien foutue, mais moyennement bien menée. Moyennement car le parti pris de l'auteur de présenter les extrêmes dans chacune des deux situations rend le tout assez peu plausible à mes yeux. Disons que, bien que conscient de cet artifice, le lecteur peut quand même se demander si l'alcoolisme présenté comme une moyen de s'affranchir de soi même pour devenir un être exceptionnel n'est pas un poil trop amoral. Il y a trop de situations peu réalistes qui font sourire, mais ce n'est sans doute pas l'objectif du propos. Par ailleurs, la fin du livre, si elle rend hommage au job initial de scénariste de l'auteur, est tout de même assez décevante.
Sur la forme, dès qu'ils 'agit d'un scénariste à la barre, on peut s'inquiéter de la qualité littéraire. Ici, Benacquista fait mentir le vieil adage, avec une plume certes efficace mais travaillée, avec de beaux morceaux de bravoure (la partie de tennis du début, les atermoiements de Nicolas dans ses crises alcooliques). Cependant, rien de révolutionnaire là dedans, et parfois, du trop qui n'est pas au service de bien.
En bref, ça se laisse lire, mais pas de quoi grimper aux rideaux, ni en conserver un souvenir impérissable.